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Accueil » L’automédication, mode d’emploi
Près d’un tiers des consultations chez le médecin généraliste relèvent de troubles bénins, auxquels il peut être possible de remédier par soi-même, en automédication. Cette démarche, qui permet de limiter le nombre de visites chez le médecin traitant (souvent débordé dans les régions à faible densité médicale) n’est cependant passants risques. Elle doit donc reposer sur une lecture attentive des notices et s’appuyer sur les conseils du pharmacien.
Mal de tête ? Coup de froid ? Gorge irritée ? Douleurs digestives ? Pour nombre de « bobos », inutile des précipiter chez le médecin si l’on est en bonne santé et médicalement bien suivi. Adopter des gestes simples de meilleure hygiène de vie et faire de l’automédication peuvent suffire pour remédier, dans un premier temps, à de multiples petits maux, si les symptômes ne persistent ou ne s’aggravent pas. Mais cette démarche, qui peut comporter des risques, ne doit pas être pratiquée n’importe comment, rappelle le Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien, membre de l’Académie de médecine, ancien expert auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), auteur de huit ouvrages sur l’automédication, le dernier étant Automédication, le guide expert.
Le pharmacien doit rester l’interlocuteur privilégié du patient qui s’autosoigne : il faut dialoguer avec lui avant toute prise de médicament vendu sans ordonnance. Lui seul peut vérifier si les symptômes que l’on ressent et si les traitements que l’on prend habituellement sont compatibles avec la prise d’un autre médicament en vente libre. Il s’agit également d’éviter les médicaments contenant plusieurs principes actifs. « C’est notamment le cas de nombreux médicaments en automédication contre le rhume (Humex Rhume, Nurofen Rhume, etc.), qui contiennent des vasoconstricteurs comme la pseudoéphédrine pouvant engendrer des effets indésirables graves », précise le Pr Giroud. Il est, par ailleurs, essentiel de s’astreindre à bien lire et comprendre les notices de façon à vérifier les contre-indications et effets indésirables, avec l’aide du pharmacien, en consultant le guide du Pr Giroud ou en visitant des sites spécialisés.
À ce sujet, le magazine 60 millions de consommateurs réclame, dans son hors-série Médicaments sans ordonnance, qui décrypte 132 médicaments et compléments alimentaires, « un changement de réglementation pour imposer aux laboratoires des notices claires et lisibles sur les boîtes de médicaments sans ordonnance et les compléments alimentaires ».
Enfin, mieux vaut utiliser de préférence des médicaments remboursables par l’Assurance maladie, en général moins chers que ceux qui ne sont pas remboursés, et choisir des génériques, moins onéreux que les médicaments de marque. Voici quelques maux courants qui peuvent être soulagés par automédication en suivant les conseils prodigués parle Pr Giroud.
LE MAL DEGORGE
Pas de consultation précipitée chez le médecin en l’absence de fièvre élevée, de ganglions et / ou de douleur chronique ou présente depuis longtemps. Dans plus de 80% des cas, le mal de gorges est une inflammation bénigne, souvent d’origine virale ou liée à une irritation (tabac, atmosphère polluée…), contre laquelle n’existe aucune panacée. L’attitude à adopter est de mettre sa voix au repos, de boire beaucoup (eau, thé, tisane sucrée au miel), de faire des gargarismes d’eau salée (une cuillerée à café dans une tasse d’eau chaude), de sucer des bonbons sans sucre à la menthe ou au menthol (ex. : des Ricola) pour saliver et humidifier la gorge. En guise de médicaments, prendre du paracétamol, en cas de forte douleur et en respectant les doses indiquées (3 comprimés de 1 g / 24 heures maximum). Les pastilles, gommes, pulvérisations et collutoires ont « une efficacité quasi nulle », selon le Pr Giroud, et sont chers.
LA RHINOPHARYNGITE
Nez qui coule ou bouché, toux, éternuements, mal de gorge et fièvre légère sont les symptômes bien connus de la « rhino », affection bénigne d’origine virale dans 90 % des cas, qui passe souvent d’elle-même. En cas de forte fièvre, de difficultés respiratoires, de sécrétions purulentes et de gros mal de gorge pendant plus de 48 heures, mieux vaut consulter. Sinon, il faut se nettoyer les fosses nasales jusqu’à six fois par jour avec du sérum physiologique pour éliminer les sécrétions, se moucher une narine à la fois dans des mouchoirs jetables. On peut aussi faire des inhalations à base de plantes. En cas de douleur, prendre du paracétamol (même posologie que ci-dessus). En revanche, mieux vaut proscrire les vasoconstricteurs ou décongestionnants, qui peuvent provoquer maux de tête, troubles nerveux ou cardiaques et hypertension, notamment chez les personnes âgées.
LA CONJONCTIVITE
Paupières collées ou gonflées, sécrétions, larmoiements, picotements, yeux rouges sont les signes d’une affection de la conjonctive (la muqueuse transparente qui tapisse la face interne des paupières et le blanc de l’œil). Cette affection, due à une allergie ou une irritation, n’est pas une urgence, sauf si un corps étranger (grain de sable, poussière…) s’est glissé dans l’œil sans qu’on puisse le retirer, et sauf si la vision s’affaiblit, si l’œil est rouge et douloureux, ou si une infection est en cause.
Pour éviter la conjonctivite, porter des lunettes de soleil, si l’on a les yeux sensibles, y compris par temps gris, et systématiquement sur la neige, en mer ou sur le sable ; cligner régulièrement des yeux si l’on passe beaucoup de temps devant un écran, et faire de courtes pauses les yeux fermés ; enlever les sécrétions avec une compresse imbibée de sérum physiologique, en allant de l’extérieur de l’œil vers le nez. En guise de médicament, rincer les yeux avec une solution de lavage oculaire, sans conservateur et en mono dose, à base de chlorure de sodium à 0,9%(Stéridose ou Dacryosérum), et prendre un comprimé par jour d’antihistaminique en période de rhinite allergique. Faute d’amélioration sous 48 heures, mieux vaut consulter son médecin ou un ophtalmologiste.
LES BRÛLURES D’ESTOMAC
Elles sont fréquentes après 50 ans et sans gravité, si elles restent occasionnelles et ne s’accompagnent pas de régurgitations ou de vomissements, de quintes de toux fréquentes ou en position couchée, et / ou de difficultés à avaler. Pour les prévenir, il est conseillé de manger lentement, en mastiquant bien, à heures régulières et dans le calme ; de bannir les repas trop copieux, le tabac et l’alcool ; d’éviter de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène) ; et de limiter la consommation d’épices (poivre, muscade, moutarde), d’aliments gras (chocolat, œufs, charcuterie), d’agrumes, de lait, de boissons gazeuses ou excitantes (café, thé). Pour apaiser ces brûlures, il est recommandé d’absorber un pansement gastrique antiacide(ex : Maalox), une heure après le repas, et, pour réduire les brûlures dues au reflux gastro-œsophagien après le repas, de prendre de salginates (ex : Gaviscon).
LA CONSTIPATION
Caractérisée par une fréquence des selles inférieure à trois par semaine, la constipation se règle par quelques mesures diététiques. Elle impose une surveillance médicale chez les plus âgés et une consultation en urgence en cas de sang dans les selles, de vomissements, de fortes douleurs abdominales, de fièvre ou de perte de poids. Pour prévenir ce trouble, il faut manger beaucoup d’aliments riches en fibres (fruits, légumes verts, céréales et pains complets…), boire au moins 1,5 litre/jour (eau, soupe, tisane…), bouger et aller tous les jours à la selle à la même heure. Les médicaments conseillés sont les laxatifs osmotiques, mais pas les laxatifs irritants qui peuvent engendrer une inflammation chronique de l’intestin ou une constipation chronique.
LES DÉMANGEAISONS OU « PRURIT »
Pour éviter de se gratter dès quel a peau démange, mieux vaut prendre des douches courtes plutôt que des bains si l’on a la peau sèche; n’utiliser que des produits hypoallergéniques ou des pains dermatologiques ; s’hydrater chaque jour avec des crèmes sans parabène nilanoline; porter des sous-vêtements en fil de coton et lavés au savon de Marseille; et passer les doigts ou la paume, pas les ongles, sur la partie qui démange. En guise de traitement, prendre un antiallergique comme lacétirizine et appliquer sur de faibles surfaces de peau une pommade anti prurigineuse comme Cortapaisyl.
L’INSOMNIE
Y remédier relève d’une meilleure hygiène de vie, sauf si les insomnies empirent et s’accompagnent de signes dépressifs. Si l’on ne s’est pas endormi 20 minutes après avoir éteint la lumière, mieux vaut se relever pour boire un verre de lait chaud légèrement sucré au miel ou une tisane calmante (valériane, aubépine), lire ou écouter de la musique douce, pratiquer une activité relaxante (yoga, respiration profonde), rafraîchir et aérer la pièce.
En prévention, il est recommandé de se lever toujours à la même heure, quelle que soit celle du coucher, de ne pas faire de sieste de plus de 20 minutes ou trop tardive l’après-midi, de bannir les repas copieux et les activités intellectuelles ou physiques intenses avant le coucher. Les médicaments utiles sont les antihistaminiques à base de doxylamine (Donormyl) et les médicaments à base de plantes, comme Elusanes (passiflore) ou Euphytose(valériane).
Hugues GEORGES
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