Chaque année, le Mois sans tabac rappelle à quel point arrêter de fumer reste un défi collectif. Si la cigarette classique recule, une nouvelle génération de produits nicotiniques a pris le relais et a crée de nouvelles addictions chez les jeunes. Puffs, cigarettes électroniques, sachets de nicotine ou “pouches”… autant d’alternatives qui séduisent les jeunes par leur apparente innocuité. Pourtant, ces produits entretiennent une dépendance au tabac tout aussi réelle et préoccupante.
Les adolescents fument moins, mais vapotent davantage. La puff, cigarette électronique jetable, a envahi les cours de récréation et les réseaux sociaux. Colorée, parfumée à la fraise ou au « bubble gum », elle semble inoffensive. Pourtant, elle contient souvent de la nicotine, un produit hautement addictif.
Derrière son apparence ludique, la puff habitue au geste de fumer et prépare parfois à une future consommation de tabac. Les fabricants misent sur les arômes sucrés et un design attractif pour séduire les plus jeunes, une stratégie marketing proche de celle de l’industrie du tabac des années 2000.
La cigarette électronique est née comme un outil de sevrage tabagique. Elle permet de doser la nicotine, de choisir un liquide aromatisé et de réduire la fumée de tabac. D’après Kevin Ravaud, addictologue et fondateur d’Ethylot’Health, vapoter serait environ 97 % moins nocif qu’une cigarette classique, car il n’y a pas de combustion ni de monoxyde de carbone.
Mais attention : moins dangereux ne veut pas dire sans danger. Un usage précoce peut provoquer une dépendance à la nicotine. Certains jeunes non-fumeurs commencent directement par la vape, sans jamais avoir touché une cigarette, avant de basculer vers le tabagisme actif. Cette dépendance psychologique et comportementale s’installe rapidement, surtout lorsque le cerveau est encore en développement.
Autre tendance en pleine expansion : les pouches ou sachets de nicotine. Inspirés du snus scandinave, ces petits pochons se glissent sous la lèvre supérieure. Ils diffusent de la nicotine sans fumée ni odeur. Officiellement, les pouches contenant du tabac sont interdites à la vente en France, mais les versions à la nicotine seule circulent librement, y compris chez certains buralistes.
Ces produits peuvent être fortement dosés, entraînant une dépendance physique intense et des risques bucco-dentaires. Leur discrétion les rend d’autant plus dangereux : ils échappent souvent à la vigilance des parents et des enseignants.
De plus, de nouvelles substances psychoactives, comme le PTC, une forme de cannabis de synthèse contenant du THC à haute dose font leur apparition. Ces produits circulent parfois sous forme liquide ou en vaporisation, brouillant les repères entre vapoter et fumer.
Le risque est alors celui d’une polyaddiction : un jeune qui commence par une puff peut ensuite expérimenter d’autres substances. Une dépendance peut en entraîner une autre, surtout quand le cerveau associe le plaisir immédiat à une stimulation nicotinique.
Même sans combustion, ces produits ne sont pas anodins. Certains liquides de vapotage contiennent des substances irritantes et toxiques pour les poumons et le système respiratoire. À long terme, la nicotine agit sur les récepteurs cérébraux, augmente la tension artérielle et altère la concentration.
Chez les adolescents, le risque est d’autant plus élevé que leur cerveau est en plein développement. La dépendance comportementale (le geste, la vapeur, les arômes) renforce le manque de nicotine et favorise les rechutes. La lutte contre le tabagisme ne concerne donc plus seulement la cigarette traditionnelle, mais aussi ces nouvelles formes de consommation.
Face à ces nouvelles addictions, l’information et le dialogue sont essentiels. Les parents jouent un rôle important : il ne s’agit pas de moraliser, mais d’échanger et d’écouter. Comme le rappelle Kevin Ravaud, “le jugement ferme le dialogue, alors que la discussion l’ouvre”.
Les centres d’addictologie proposent un accompagnement gratuit et anonyme, non seulement pour les jeunes, mais aussi pour leurs proches. Les professionnels de santé, tabacologues, pharmaciens et mutuelles peuvent également orienter vers des programmes de sevrage tabagique adaptés.
Des substituts nicotiniques comme les patchs, gommes à mâcher ou pastilles sont remboursés par l’Assurance Maladie et peuvent aider à arrêter de fumer progressivement. Le ministère de la Santé et Santé publique France continuent de renforcer les campagnes de prévention du tabagisme dans les écoles et sur les réseaux sociaux.
“Les puffs ont été un moyen d’inciter les jeunes à consommer du tabac grâce à leurs arômes attractifs. Aujourd’hui, d’autres produits arrivent, comme les e-cigarettes, les pouches ou même des substances de synthèse comme le PTC. Ces produits créent une dépendance rapide à la nicotine. Plus on commence jeune, plus le risque de dépendance à l’âge adulte est fort.”
“Consommer une cigarette électronique est moins dangereux qu’une cigarette classique, car il n’y a pas de combustion. Mais cela reste un produit nicotinique qui peut entraîner une dépendance, surtout chez les jeunes.”
“Les parents ne doivent pas hésiter à consulter un centre d’addictologie, c’est gratuit, anonyme et ouvert aussi aux proches. Le plus important, c’est de parler, sans juger.”
Retrouvez l’interview complète de Kevin Ravaud, addictologue et fondateur d’Ethylot’Health juste ici :
