
Trouble du langage chez l’enfant : vers qui se tourner ?
Votre enfant a du mal à s’exprimer, à comprendre ou à apprendre à lire ? Il pourrait souffrir d’un trouble du langage, affectant sa communication, ses apprentissages et sa scolarité. Ces troubles, souvent invisibles, nécessitent un repérage précoce et une prise en charge adaptée pour limiter l’échec scolaire et favoriser le développement de l’enfant. Mais alors, vers qui se tourner en cas de difficultés langagières ? Quelles sont les étapes clés pour poser un diagnostic et entamer une rééducation efficace ? France Mutuelle vous guide.
Qu’est-ce qu’un trouble du langage chez l’enfant ?
Un trouble du langage se manifeste par des difficultés à comprendre (langage réceptif) ou à s’exprimer (langage expressif), que ce soit à l’oral ou à l’écrit. Ces troubles peuvent concerner plusieurs composantes du langage : articulation, phonologie, syntaxe, mémoire de travail ou encore vocabulaire.
Certains enfants présentent un retard de langage qui se résorbe spontanément, tandis que d’autres souffrent de troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA), aussi appelés troubles dys :
- Dysphasie (trouble sévère du langage oral)
- Dyslexie (trouble de l’apprentissage de la lecture)
- Dysorthographie (trouble de l’orthographe)
- Dyscalculie (trouble du raisonnement mathématique)
- Dyspraxie verbale (trouble de la coordination des mouvements pour parler)
Ces pathologies peuvent être isolées ou associées entre elles et s’accompagnent parfois d’autres troubles : troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), troubles cognitifs, ou déficience intellectuelle.
Comment repérer les troubles du langage chez l’enfant ?
Le repérage précoce est essentiel pour aider l’enfant à compenser ses difficultés. Certains signes doivent alerter les parents et les enseignants :
- À 2 ans : absence de mots, retard de parole, difficulté à comprendre de simples consignes.
- À 4 ans : phrases mal structurées, mauvaise articulation des sons (phonèmes), langage incompréhensible hors du cercle familial.
- En CP-CE1 : difficulté à apprendre à lire, confusions de lettres, lenteur, orthographe très déficitaire.
- Plus tard : problèmes d’apprentissage, mémoire de travail faible, difficultés scolaires persistantes malgré les efforts fournis.
Chaque enfant évolue à son rythme, mais un écart important avec les normes du développement du langage justifie une évaluation.
Quels sont les professionnels à consulter ?
Face à un trouble du langage oral ou écrit, plusieurs professionnels peuvent intervenir. Le parcours de santé commence généralement par un bilan orthophonique, mais d’autres spécialistes peuvent être nécessaires :
Le pédiatre ou le médecin généraliste
Il est souvent le premier interlocuteur. Il peut prescrire un bilan orthophonique et orienter vers d’autres examens (audiométrie, ORL, neuropsychologue) pour éliminer une cause auditive, neurologique ou sensorielle.
L’orthophoniste
C’est le professionnel de référence pour les troubles du langage. Il réalise un bilan orthophonique complet pour évaluer les capacités du langage oral et écrit, la compréhension, l’expression, la conscience phonologique et la mémoire verbale.
Il propose ensuite un plan de rééducation orthophonique personnalisé, avec des séances régulières, souvent sur plusieurs mois ou années.
Le neuropsychologue
En cas de difficultés cognitives ou pour confirmer un trouble spécifique des apprentissages, un bilan neuropsychologique est recommandé. Il explore la mémoire, l’attention, les fonctions exécutives et les capacités intellectuelles.
L’équipe pluridisciplinaire
Dans les situations complexes, une équipe pluridisciplinaire est mobilisée : psychomotricien, ergothérapeute, pédopsychiatre, enseignant référent MDPH, etc. Ces professionnels travaillent ensemble pour proposer un accompagnement global adapté à l’enfant dyslexique, dysphasique ou dyspraxique.
Comment obtenir un diagnostic de trouble du langage ?
Le diagnostic d’un trouble du langage repose sur l’analyse croisée de plusieurs bilans : orthophonique, neuropsychologique, ORL, voire cérébral (IRM dans certains cas).
- Pour les troubles sévères ou persistants, le centre de référence des troubles du langage ou le CHU peuvent proposer une évaluation complète.
- La MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) est un interlocuteur essentiel pour demander une reconnaissance de handicap, des aménagements scolaires (AVS, tiers-temps, etc.) ou une orientation en classe spécialisée.
Le diagnostic précoce est un atout. En identifiant les difficultés de langage dès la maternelle, on peut éviter un échec scolaire au primaire et au collège.
Quelle prise en charge pour un enfant atteint de trouble du langage ?
Une fois le trouble identifié, la prise en charge doit être pluridisciplinaire, régulière et adaptée à l’âge et au profil de l’enfant :
La rééducation orthophonique
C’est le cœur du traitement. Elle cible les fonctions déficitaires : articulation, construction syntaxique, compréhension verbale, phonologie, mémoire, décodage… Elle s’étale sur plusieurs mois voire années, avec des ajustements en fonction des progrès de l’enfant.
Les aménagements scolaires
Un enfant dyslexique, dysphasique ou dyspraxique peut bénéficier de mesures pédagogiques : logiciels d’aide à l’écriture, lecture à voix haute, évaluation orale, temps supplémentaire… Ces adaptations permettent de compenser les difficultés sans freiner les apprentissages.
L’accompagnement psychologique
Certains enfants souffrent d’une baisse d’estime de soi liée à leurs difficultés scolaires. Un suivi psychologique peut les aider à mieux vivre leur différence.
Quelle est l’évolution possible et quels soutiens ?
Avec un suivi régulier, de la stimulation adaptée et une prise en compte des difficultés dans la scolarisation, les enfants atteints de troubles du langage peuvent réussir leur parcours scolaire. Toutefois, certains conserveront des troubles à l’âge adulte, notamment dans la lecture ou l’orthographe.
Les parents jouent un rôle important : être à l’écoute, valoriser les efforts, collaborer avec les enseignants et les soignants. Les associations de familles d’enfants “dys” peuvent également apporter soutien et information.
En conclusion
Les troubles du langage chez l’enfant sont fréquents mais encore trop souvent sous-diagnostiqués. Ils nécessitent une prise en charge précoce, coordonnée et adaptée pour limiter les répercussions sur la scolarité et le développement personnel. Si vous pensez que votre enfant présente une difficulté de ce type, n’attendez pas : consultez un professionnel de santé.

