
Intolérances alimentaires : comment les diagnostiquer ?
Pourquoi confond-on souvent allergies et intolérances alimentaires ?
Lorsque vous souffrez après l’ingestion d’un aliment, vous pensez à tort à une allergie. Pourtant, allergie et intolérance alimentaire sont deux mécanismes différents. L’allergie alimentaire est une réponse immunitaire exagérée contre un allergène. Elle déclenche une libération d’histamine par les mastocytes, provoquant urticaire, œdème de Quincke ou choc anaphylactique. L’intolérance alimentaire, elle, est une difficulté du système digestif à digérer un composant. Aucune réaction immunitaire n’est impliquée, mais les symptômes digestifs sont bien présents.
Les intolérances les plus courantes touchent le lactose, le gluten, les protéines du lait de vache ou encore les sulfites. Le système immunitaire reste inactif, mais l’intestin grêle ou le côlon peuvent souffrir d’une inflammation chronique.
Selon l’OMS, environ 10 à 15 % de la population souffre d’une forme d’intolérance alimentaire. La prévalence des allergies alimentaires, quant à elle, varie de 2 à 4 % chez l’adulte, et jusqu’à 8 % chez l’enfant. Il est donc crucial de ne pas confondre ces deux réactions pour adopter le bon traitement.
Quels sont les symptômes les plus fréquents d’une intolérance alimentaire ?
Les symptômes d’une intolérance alimentaire se manifestent généralement dans les heures suivant l’ingestion d’un aliment mal toléré. Contrairement aux allergies, ils sont rarement immédiats ni potentiellement mortels. Vous pouvez ressentir des douleurs abdominales, des ballonnements, de la diarrhée, des flatulences ou des crampes digestives. Ces signes traduisent une mauvaise digestion liée à une enzyme absente ou déficiente.
Dans le cas de l’intolérance au lactose, l’enzyme lactase fait défaut. Le lactose reste alors non digéré dans l’intestin, provoquant une fermentation désagréable. Les personnes intolérantes au gluten (souvent en cas de maladie cœliaque) présentent quant à elles des lésions de la muqueuse intestinale et une malabsorption des nutriments.
Chez le nourrisson, certains signes peuvent alerter : érythèmes fessiers, diarrhées fréquentes, coliques, ou encore un eczéma atopique persistant. Chez l’adulte, une fatigue chronique, des maux de tête ou des nausées inexpliquées peuvent être liés à une hypersensibilité alimentaire.
Les symptômes digestifs ne doivent pas être pris à la légère. Ils peuvent masquer une intolérance sévère ou une allergie alimentaire croisée, notamment avec les protéines du lait de vache, le soja, les arachides ou le blé.
Comment poser un diagnostic fiable en cas de doute ?
Le diagnostic d’une intolérance alimentaire ne repose pas uniquement sur l’interrogatoire clinique. Pour vous aider, les professionnels de santé s’appuient sur des examens médicaux précis. La première étape consiste à consulter un médecin généraliste ou un allergologue. Ce dernier analysera vos antécédents, vos symptômes digestifs ou cutanés, et les moments où ils surviennent.
Dans le cadre d’une allergie alimentaire, des tests cutanés (prick-tests) ou une prise de sang pour doser les IgE spécifiques peuvent être réalisés. Pour les intolérances, d’autres approches sont utilisées : test respiratoire à l’hydrogène pour l’intolérance au lactose, dosage d’enzymes ou encore test de provocation orale supervisé.
Il est également possible de suivre un régime d’éviction pendant quelques semaines. On élimine l’aliment suspecté, puis on le réintroduit progressivement pour observer les effets. Cela permet de tester la réaction du système digestif sans risque majeur.
Dans les cas plus rares, des tests de perméabilité intestinale ou des examens biologiques peuvent compléter le bilan. Ne tentez pas de vous auto-diagnostiquer. Un mauvais diagnostic peut entraîner des carences, un régime inadapté, voire des complications digestives à long terme.
Quels aliments sont les plus souvent responsables ?
De nombreux aliments sont susceptibles de provoquer des allergies ou des intolérances. Voici les plus fréquents :
- Gluten : contenu dans le blé, l’orge, le seigle. Il est à l’origine de la maladie cœliaque, une maladie auto-immune.
- Lait de vache : ses protéines (caséines, lactoglobulines) peuvent provoquer des réactions allergiques sévères. Le lactose est souvent mal digéré chez les adultes.
- Œufs : notamment le blanc d’œuf, très allergénique, surtout chez les enfants.
- Arachides et fruits à coque : responsables d’allergies alimentaires sévères, parfois mortelles.
- Soja : provoque des réactions croisées chez certaines personnes allergiques au lait ou aux pollens.
- Crustacés et poissons : très allergéniques, surtout en cas de contact avec les protéines allergènes.
- Additifs alimentaires : comme les sulfites, présents dans le vin, peuvent déclencher des troubles respiratoires ou des maux de tête.
Une lecture attentive des étiquettes alimentaires, notamment en cas de traces d’allergènes, est indispensable. L’étiquetage obligatoire des allergènes en France permet de mieux protéger les personnes allergiques ou intolérantes.
Comment adapter votre régime alimentaire sans danger ?
Modifier votre régime alimentaire peut soulager vos symptômes, mais cela demande de la rigueur. Pour commencer, vous devez identifier avec précision les aliments à éviter. Ensuite, vous les remplacez par des produits équivalents sur le plan nutritionnel.
En cas d’intolérance au lactose, privilégiez les produits sans lactose, comme certains yaourts, fromages affinés ou laits végétaux. Pour les allergies aux protéines du lait de vache, vous pouvez opter pour les laits de chèvre ou de brebis, s’ils sont tolérés.
Les régimes sans gluten doivent intégrer des céréales alternatives comme le riz, le quinoa ou le sarrasin. Si vous êtes concerné par une allergie aux œufs, attention aux produits industriels qui en contiennent parfois sous forme de traces.
Veillez à ne pas créer de carences. Une consultation en allergologie ou avec un diététicien permet d’éviter les erreurs. L’éviction stricte ne doit concerner que les allergènes alimentaires avérés. Certaines intolérances disparaissent avec le temps, surtout chez les enfants. Dans d’autres cas, des cures de désensibilisation peuvent être envisagées.
Adopter une alimentation adaptée à votre tolérance digestive améliore votre qualité de vie. En cas de doute, mieux vaut tester la réaction avec un professionnel.
À retenir :
- Les intolérances alimentaires ne déclenchent pas toujours une réaction immunitaire.
- Seuls des tests médicaux peuvent confirmer une allergie alimentaire ou une intolérance.
- Le lait, le gluten, le soja, les fruits à coque ou les œufs sont les plus souvent en cause.
- Une éviction alimentaire mal encadrée peut engendrer des carences.
- Pour tout régime sans allergènes, un accompagnement médical est conseillé.