Santé

Les maladies professionnelles : mieux comprendre pour mieux se protéger

Qu’est-ce qu’une maladie professionnelle ?

Une maladie professionnelle est une pathologie causée par l’exposition prolongée à un risque dans le cadre du travail habituel. Elle peut être liée à des substances toxiques, des gestes répétitifs, des postures contraignantes ou encore à une charge mentale excessive. Contrairement à l’accident du travail, qui survient soudainement, la maladie professionnelle s’installe dans la durée.

Sa reconnaissance est encadrée par le Code de la sécurité sociale, via une liste de tableaux officiels. Chaque tableau décrit la maladie, les conditions d’exposition, un délai maximal de prise en charge, et les activités susceptibles de l’avoir provoquée. Si tous ces critères sont remplis, la maladie est automatiquement présumée d’origine professionnelle.

Qui peut être concerné ?

Tous les salariés du régime général ou agricole sont couverts automatiquement par l’assurance « accidents du travail et maladies professionnelles ». Cela inclut également les stagiaires, apprentis, fonctionnaires non titulaires ou élèves en formation professionnelle.

Les travailleurs indépendants, quant à eux, ne sont pas couverts par défaut. Pour être protégés, ils doivent souscrire à une assurance volontaire individuelle auprès de leur caisse d’assurance maladie.

Quelles sont les maladies reconnues comme professionnelles ?

Il existe aujourd’hui 114 tableaux pour le régime général et 59 pour le régime agricole, recensant des pathologies reconnues comme professionnelles. Ces affections peuvent être physiques, chimiques, biologiques ou même psychiques.

Parmi les plus courantes, on retrouve les troubles musculo-squelettiques (TMS) tels que les tendinites ou le syndrome du canal carpien, fréquents dans les métiers manuels. D’autres tableaux concernent les affections respiratoires dues à l’inhalation de poussières comme l’amiante, ou à l’exposition à des substances toxiques comme certains solvants ou hydrocarbures.

Des cancers professionnels, comme celui de la vessie ou les tumeurs liées à l’amiante, sont également répertoriés. Enfin, certaines pathologies infectieuses, telles que la leptospirose dans le secteur agricole, sont également couvertes.

Les troubles psychiques ne sont pas encore inscrits dans les tableaux officiels. Toutefois, ils peuvent faire l’objet d’une reconnaissance hors tableau sous certaines conditions, à condition de démontrer un lien direct et essentiel avec l’activité exercée.

Quelle est la démarche pour faire reconnaître une maladie professionnelle ?

Le salarié dispose d’un délai de deux ans à partir de la date inscrite sur le certificat médical initial ou de la cessation d’activité liée à la pathologie pour effectuer une demande de reconnaissance. Il doit adresser cette demande à la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) ou à la MSA, selon son régime.

Le dossier comprend notamment un certificat médical décrivant la maladie et une attestation de salaire. L’employeur doit également déclarer la maladie à la CPAM dans un délai de 48 heures à compter de la réception du certificat.

Une fois le dossier complet, la caisse dispose de 4 mois pour statuer. Si la pathologie correspond aux critères d’un tableau, la reconnaissance est automatique. Dans le cas contraire, le dossier est soumis à un Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) qui évalue la relation de causalité entre l’activité exercée et la pathologie.

Quels sont les droits du salarié reconnu malade professionnel ?

Lorsqu’une maladie est reconnue comme professionnelle, le salarié bénéficie d’une prise en charge spécifique. Les soins médicaux liés à la pathologie sont remboursés à 100 %, sans avance de frais. S’il est en arrêt, il perçoit des indemnités journalières versées sans délai de carence, calculées sur la base de son salaire journalier brut.

Si des séquelles persistent, un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) est évalué. Pour un taux inférieur à 10 %, une indemnité en capital est versée. Au-delà, le salarié perçoit une rente viagère, proportionnelle à son taux d’incapacité et à son salaire.

En cas de rechute, une nouvelle déclaration doit être adressée à la CPAM, qui dispose de 60 jours pour rendre sa décision. Cette rechute peut entraîner un nouvel arrêt de travail ou une révision de l’indemnisation.

Et si l’employeur est en faute ?

Lorsque la maladie est due à une faute inexcusable de l’employeur — par exemple, l’absence de mesures de protection malgré la connaissance du risque —, la victime peut demander une majoration de sa rente et le versement de dommages et intérêts.

C’est alors le tribunal judiciaire qui statue, après examen des preuves et des circonstances. Le salarié devra démontrer que l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger ses salariés.

Que faire en cas de rechute, d’inaptitude ou de litige ?

Si l’état de santé s’aggrave après la consolidation initiale, le salarié peut signaler une rechute à sa caisse d’assurance. Un certificat médical doit être joint à la demande. En cas d’inaptitude à reprendre le poste, le médecin du travail peut proposer un reclassement adapté. Si aucun poste n’est compatible, un licenciement pour inaptitude peut être envisagé, dans le strict respect des procédures légales.

En cas de litige sur la reconnaissance, un recours amiable peut être déposé. À défaut de résolution, le salarié peut saisir la commission de recours ou le tribunal judiciaire.

En résumé

Les maladies professionnelles reconnues permettent aux salariés de bénéficier d’une indemnisation spécifique et d’une protection renforcée. Pour cela, il est essentiel de respecter les délais, de fournir les bons documents et de prouver l’origine professionnelle de la pathologie. Grâce à une meilleure connaissance des tableaux, des procédures et des recours possibles, les travailleurs peuvent faire valoir leurs droits, se soigner correctement et envisager l’avenir avec plus de sécurité.

France Mutuelle vous accompagne à chaque étape pour garantir votre accès aux soins et vous proposer des solutions adaptées à votre situation professionnelle, en complément du régime général.

Sources 

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