
La reprise du travail après un cancer : un nouveau départ à organiser
Reprendre le travail après un arrêt maladie de longue durée lié à un cancer n’est jamais anodin. Qu’il s’agisse d’un cancer du sein, d’une affection de longue durée (ALD) ou d’une maladie professionnelle, le retour à l’activité professionnelle implique de nombreuses démarches et une réadaptation progressive Ce moment clé nécessite une collaboration entre le salarié, son médecin traitant, le médecin du travail, la CPAM et, dans certains cas, le service social de l’entreprise.
Pour éviter les risques de rechute ou de burn-out, il est essentiel de préparer la reprise en amont, en tenant compte de l’état de santé du salarié, des préconisations médicales et des possibilités d’aménagement du poste de travail.
Quelles sont les démarches à suivre pour organiser sa reprise du travail ?
Avant de reprendre son poste, le salarié doit consulter son médecin traitant, qui délivrera un certificat médical d’aptitude à la reprise. Ce document est indispensable pour signaler à l’employeur et à la CPAM que le salarié peut reprendre une activité à temps plein, à mi-temps thérapeutique ou dans le cadre d’un temps partiel thérapeutique.
Ensuite, l’employeur convoque obligatoirement le salarié à une visite médicale de reprise auprès de la médecine du travail. La visite doit être effectuée dans un délai de 8 jours après la reprise du travail. Le médecin du travail évalue la capacité du salarié à reprendre le travail et peut émettre un avis d’aptitude ou d’inaptitude, proposer un reclassement ou un aménagement du temps de travail.
Dans certains cas, une visite de pré-reprise peut être organisée avant la fin de l’arrêt, notamment si la durée de l’arrêt est supérieure à 3 mois. Cela permet d’anticiper la reprise, d’évaluer les éventuels besoins d’aménagements et d’éviter un licenciement pour inaptitude.
Quelles options pour une reprise en douceur ?
Si vous reprenez en mi-temps thérapeutique, vous continuez de percevoir une partie de vos indemnités journalières de la part de la CPAM, en complément du salaire versé par l’employeur au prorata de votre travail effectué.
À noter : la durée du mi-temps thérapeutique est limitée (souvent d’1 an maximum), et peut être interrompue à tout moment si votre état de santé se dégrade ou si vous êtes apte à un temps complet.
Que se passe-t-il si le salarié est déclaré inapte ?
En cas d’inaptitude médicale prononcée par le médecin du travail, l’employeur est tenu de chercher un reclassement adapté. Cela peut passer par une réorganisation des missions, un allègement du temps de travail ou un transfert vers un autre service.
Si aucun poste compatible ne peut être proposé, une rupture du contrat de travail pour inaptitude médicale peut être envisagée. Ce licenciement ouvre droit à des indemnités spécifiques, au versement des indemnités journalières ou à une pension d’invalidité, selon la situation.
Dans la fonction publique, la procédure passe souvent par un comité médical ou une commission de réforme, qui examine les possibilités de reprise, les droits à congé de longue maladie ou à mi-temps thérapeutique.
Quels sont les droits pendant et après la reprise ?
Lors de la reprise d’activité, le salarié continue à cumuler des trimestres pour sa retraite et peut retrouver l’intégralité de ses primes, congés payés et avantages liés à son ancienneté. En cas de reprise après un congé de longue durée, le salarié conserve ses droits, sauf disposition contraire de la convention collective.
La suspension du contrat de travail pendant un arrêt maladie ne rompt pas le lien de subordination. Le salarié conserve son contrat de travail, sauf licenciement justifié (ex. faute grave ou impossibilité de reclassement).
Attention : un salarié ne peut pas être licencié pour avoir été malade, sauf en cas d’impossibilité de reprise ou d’absence prolongée perturbant le fonctionnement de l’entreprise. Le code du travail et le code de la sécurité sociale protègent les personnes malades contre toute discrimination.
Quels sont vos droits si vous êtes fonctionnaire ?
Dans la fonction publique, la reprise du travail après un congé de longue maladie (CLM) ou un congé de longue durée (CLD) est soumise à l’avis du comité médical.
Le fonctionnaire peut bénéficier :
- d’un demi-traitement en cas de prolongation de l’arrêt ;
- d’une reprise à temps partiel thérapeutique ;
- d’un accompagnement social pour organiser sa réintégration professionnelle.
Les règles sont spécifiques, mais les principes de visite médicale, d’aptitude, et d’aménagement du poste s’appliquent aussi.
Comment assurer un retour durable dans l’emploi ?
La reprise du travail après un cancer ne se résume pas à « reprendre le boulot ». Elle nécessite un vrai accompagnement. Le service de santé au travail peut mettre en place des préconisations personnalisées : poste de travail aménagé, horaires allégés, tâches adaptées, ou accès à un travail léger.
Certaines entreprises proposent des programmes de maintien dans l’emploi ou des cellules de réintégration progressive. Le salarié peut aussi bénéficier d’un suivi par le médecin du travail ou d’un accompagnement psychologique.
Si le retour au poste initial est impossible, la personne peut envisager un reclassement ou même une reconversion professionnelle. Dans ce cas, elle peut être orientée vers un conseiller en évolution professionnelle.
Reprendre du temps pour soi, un signe de respect ?
Prendre son temps pour reprendre une activité est une preuve de respect envers soi-même. La fatigue, les craintes, ou la perte de confiance sont naturelles après un parcours de soins éprouvant.
Exprimer ses besoins, demander des aménagements, ou solliciter un accompagnement est non seulement légitime, mais recommandé pour retrouver un équilibre durable entre santé et travail.