
Harcèlement scolaire : comment le reconnaître et agir ?
Un fléau national aux conséquences durables
Le harcèlement scolaire touche près d’1 000 000 d’élèves en France. Moqueries, insultes, brimades, violences physiques ou cyberharcèlement : les formes de harcèlement sont multiples et souvent répétées. Elles laissent des traces profondes sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents. Longtemps minimisé, ce problème de harcèlement est aujourd’hui reconnu comme un fléau national.
Chaque mois de novembre, la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire rappelle que prévenir le harcèlement est une responsabilité collective. Enseignants, parents d’élèves, associations et institutions s’unissent pour protéger les enfants.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement à l’école correspond à des violences répétées. Elles peuvent être verbales, physiques, sexuelles ou psychologiques. Un ou plusieurs harceleurs s’en prennent à une victime, souvent isolée. Leur objectif est de la rabaisser, humilier ou mettre à l’écart. Les situations de harcèlement apparaissent partout : en classe, dans la cour, à la cantine ou sur les réseaux sociaux.
Le cyberharcèlement est aujourd’hui particulièrement préoccupant. Il se manifeste par des insultes, rumeurs ou images humiliantes diffusées en ligne. Ces contenus amplifient la souffrance de la victime et s’étendent sans limite.
Selon le Code pénal, le harcèlement scolaire est un délit. Les auteurs encourent jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Lorsque le harcèlement conduit la victime au suicide, les peines peuvent atteindre 10 ans de prison et 150 000 € d’amende.
Quelles sont les conséquences du harcèlement ?
Les conséquences du harcèlement sont souvent graves et durables. Sur le plan psychologique, les élèves victimes peuvent souffrir de troubles anxieux, de dépression, d’un repli sur soi, voire de pensées suicidaires. La perte d’estime de soi et le mal-être qu’ils ressentent s’étendent parfois jusqu’à l’âge adulte.
Les impacts sur la santé physique sont également notables : maux de ventre, troubles du sommeil, fatigue, baisse d’appétit. À l’école, les résultats scolaires chutent, et l’élève peut finir par éviter le milieu scolaire par peur de revivre les violences. Le harcèlement détruit ainsi non seulement la dignité de la victime, mais aussi le climat scolaire de tout un établissement.
Comment reconnaître une situation de harcèlement ?
Identifier une situation de harcèlement demande de la vigilance. Les parents, enseignants et pairs jouent un rôle important pour alerter rapidement.
Voici quelques signaux d’alerte fréquents :
- changement de comportement soudain (tristesse, colère, isolement) ;
- résultats scolaires en baisse ;
- refus d’aller à l’école ;
- objets cassés ou volés à répétition ;
- traces physiques de violence ou pleurs fréquents.
La loi du silence est encore trop présente. Beaucoup d’enfants harcelés n’osent pas parler, par peur de représailles ou par honte. C’est pourquoi il est essentiel de créer un climat de confiance à la maison comme à l’école, où la parole est libérée et écoutée.
Comment réagir face au harcèlement scolaire ?
Lorsqu’un enfant est victime de harcèlement, il faut agir sans attendre. Les parents doivent prévenir l’établissement scolaire, contacter le référent harcèlement ou le chef d’établissement. Le traitement passe par l’écoute, la médiation scolaire et, si nécessaire, des sanctions disciplinaires contre le harceleur.
Le 3018 est le numéro national pour signaler toute situation de harcèlement ou de cyberharcèlement. Géré par l’association e-Enfance, il permet d’obtenir une aide immédiate et de faire retirer les contenus en ligne. Les élèves témoins doivent être encouragés à ne pas rester passifs. Aider un camarade, signaler un comportement violent ou alerter un adulte peut faire cesser le harcèlement.
En cas de faits graves, une plainte pour harcèlement peut être déposée. Le Code pénal protège toutes les victimes de harcèlement moral ou sexuel, y compris en milieu scolaire.
Les actions de prévention en milieu scolaire
La prévention du harcèlement scolaire est une priorité nationale. Le ministère de l’Éducation nationale déploie chaque année des programmes concrets pour prévenir, détecter et traiter les situations de harcèlement.
Le programme pHARe
Lancé en 2021, le programme pHARe (Programme de prévention du harcèlement à l’école) est aujourd’hui présent dans tous les établissements publics.
Il repose sur trois piliers :
- la formation des personnels ;
- la désignation d’un référent harcèlement ;
- la création d’équipes ressources capables d’intervenir rapidement.
Ce dispositif vise à repérer les signes, accompagner les victimes et agir dès les premiers signaux.
Les campagnes nationales annuelles
Chaque année, une campagne nationale sensibilise élèves et adultes :
- 2024 : “Ton problème, c’est mon problème”, centrée sur la responsabilité des adultes face au harcèlement.
- 2023 : “Pour une vie scolaire sans harcèlement”, accompagnée d’un plan “100 % prévention, 100 % solutions” ;
- 2022 : “Et si on se parlait du harcèlement ?” ;
Ces campagnes sont relayées lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement, en novembre, pour mobiliser toute la communauté éducative.
Le prix “Non au harcèlement”
Chaque année, le prix “Non au harcèlement” récompense les affiches, vidéos ou podcasts réalisés par les élèves.
Ces créations valorisent les actions de sensibilisation et encouragent la solidarité entre pairs.
Comment accompagner une victime de harcèlement ?
L’écoute bienveillante est la première étape. Une victime de brimades ou de moqueries répétées a besoin d’être crue et soutenue.
Les parents peuvent solliciter le médecin scolaire, le psychologue ou une association d’aide aux victimes pour évaluer les conséquences psychologiques et amorcer un accompagnement adapté.
Il est également utile d’expliquer à l’enfant qu’il n’est pas responsable de ce qu’il subit. Encourager la parole, valoriser les succès scolaires et recréer du lien social sont des leviers puissants pour restaurer la confiance.
France Mutuelle rappelle l’importance de préserver la santé mentale et d’offrir un accompagnement psychologique aux personnes harcelées, afin d’éviter des traumatismes durables.
Agir ensemble contre le harcèlement
Lutter contre le harcèlement scolaire, c’est défendre un droit fondamental : celui de grandir dans la dignité et la sécurité.
Chaque membre de la communauté éducative peut agir contre le harcèlement :
- Les enseignants en repérant les signaux faibles.
- Les parents en favorisant le dialogue.
- Les élèves en faisant preuve d’empathie et de solidarité.
La prévention en milieu scolaire reste une priorité nationale, soutenue par le ministère de l’Éducation nationale. Ensemble, nous pouvons faire cesser le harcèlement, aider les victimes, et construire un environnement éducatif plus bienveillant et inclusif.

