
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) : un mal fréquent mais traitable !
Qu’est-ce que le reflux gastro-œsophagien (RGO) ?
Le reflux gastro-œsophagien, ou RGO, est une pathologie digestive fréquente. Il survient lorsque le contenu de l’estomac, riche en sucs gastriques et en acide chlorhydrique, remonte dans l’œsophage. Cette remontée acide, souvent douloureuse, est due à un dysfonctionnement du sphincter inférieur de l’œsophage, aussi appelé cardia, une valve musculaire censée empêcher les reflux.
Le RGO peut être physiologique, c’est-à-dire bénin et passager, notamment après des repas copieux ou chez les nourrissons. Mais lorsqu’il devient fréquent, pathologique et persistant, il nécessite un diagnostic médical et un traitement adapté.
Quels sont les symptômes du RGO ?
Les brûlures d’estomac et les régurgitations acides sont les signes les plus caractéristiques. Ces remontées gastriques laissent souvent un goût amer dans la bouche, surtout en position allongée ou après avoir mangé. D’autres symptômes incluent :
- Toux chronique, surtout nocturne ;
- Enrouement ou voix rauque ;
- Inflammation de la gorge ou laryngite ;
- Douleurs thoraciques pouvant évoquer une crise cardiaque ;
- Ballonnements, éructations et nausées ;
- Chez le nourrisson, des pleurs fréquents, des vomissements après la tétée ou le biberon, une courbe de poids stagnante.
Les brûlures œsophagiennes, situées derrière le sternum, sont souvent décrites comme une sensation de feu qui remonte de l’abdomen vers la gorge. Le reflux peut aussi provoquer des troubles du sommeil, de la dysphagie (difficulté à avaler) et des troubles ORL.
Quelles sont les causes du reflux gastro-œsophagien ?
Le RGO peut avoir plusieurs origines, dont :
- Un relâchement du sphincter œsophagien inférieur ;
- Une hernie hiatale (déplacement de l’estomac vers le thorax à travers le diaphragme) ;
- Une pression abdominale excessive, fréquente en cas de surpoids, grossesse ou constipation ;
- La consommation de certains aliments ou boissons gazeuses, d’alcool, de menthe, de caféine, d’agrumes, de plats trop gras ou de produits laitiers riches ;
- L’usage de certains médicaments, notamment les anti-inflammatoires, aspirine, ou encore les traitements contre l’ostéoporose.
La bactérie Helicobacter pylori, responsable d’ulcères ou de gastrite, peut également aggraver l’acidité gastrique.
Comment diagnostique-t-on un reflux gastro-œsophagien ?
Le diagnostic du reflux gastro-œsophagien repose avant tout sur un échange avec le médecin, qui s’appuie sur une description précise des symptômes : brûlures d’estomac fréquentes, régurgitations acides, douleurs thoraciques ou encore toux nocturne. Pour confirmer le diagnostic, plusieurs examens peuvent être prescrits.
L’endoscopie digestive haute (ou fibroscopie œsogastrique) permet d’observer directement l’état de la muqueuse de l’œsophage et de détecter une inflammation, une œsophagite ou une éventuelle hernie hiatale. La pH-métrie œsophagienne, quant à elle, mesure le taux d’acidité dans l’œsophage sur 24 heures, ce qui aide à évaluer la fréquence et l’intensité des reflux. Une manométrie peut également être réalisée pour analyser le fonctionnement du sphincter œsophagien inférieur, en mesurant sa pression et sa coordination avec la déglutition.
Chez les nourrissons, le diagnostic repose principalement sur l’observation clinique des signes (pleurs fréquents, vomissements, régurgitations), et peut être complété par une échographie ou une pH-métrie selon les cas.
Quels sont les traitements du RGO ?
Hygiène de vie et mesures diététiques
Modifier ses habitudes alimentaires est souvent la première étape :
- Manger léger, éviter les repas copieux le soir ;
- Supprimer ou limiter les aliments riches en graisses, chocolat, café, alcool, gazeux ;
- Fractionner les repas, mastiquer lentement et éviter de se coucher juste après avoir mangé ;
- Surélever la tête du lit pour prévenir les reflux nocturnes ;
- En cas de surpoids ou d’obésité, une perte de poids peut améliorer les symptômes.
Certaines plantes médicinales peuvent aider à soulager l’acidité : camomille, réglisse, gingembre, guimauve, aloe vera, gentiane, infusions digestives.
Traitements médicamenteux
Les médicaments les plus prescrits contre le RGO sont :
- Les antiacides (type bicarbonate de soude, suspension buvable, pansements gastriques) pour un soulagement rapide ;
- Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) comme l’oméprazole, qui réduisent la sécrétion d’acide gastrique ;
- Les antisécrétoires ou inhibiteurs des récepteurs H2 ;
- Les prokinétiques pour accélérer la vidange de l’estomac.
Ces traitements, généralement bien tolérés, peuvent toutefois entraîner des effets secondaires : diarrhées, constipation, carences en calcium, maux d’estomac. Ne les prenez jamais en automédication prolongée : consultez un médecin.
Traitements chirurgicaux
En cas de RGO sévère, résistant au traitement médical, ou lié à une hernie hiatale volumineuse, une intervention chirurgicale peut être envisagée. La plus courante est la fundoplicature de Nissen, consistant à renforcer le sphincter œsophagien.
Quelles complications en cas de reflux non traité ?
Un RGO chronique non soigné peut entraîner :
- Une œsophagite (inflammation sévère de la muqueuse) ;
- Des ulcères œsophagiens ;
- Une sténose (rétrécissement de l’œsophage) ;
- Des troubles respiratoires (asthme, toux chronique) ;
- Des lésions précancéreuses comme l’œsophage de Barrett ;
Ces risques justifient un suivi médical, surtout si les brûlures sont fréquentes, nocturnes ou associées à des vomissements, une perte de poids ou des difficultés à avaler.
RGO chez les nourrissons : que faire ?
Le reflux gastro-œsophagien du nourrisson est très courant avant 1 an. Il se manifeste par des régurgitations fréquentes, parfois des pleurs ou des troubles du sommeil. Dans la majorité des cas, il est physiologique et disparaît avec la maturation du système digestif.
Des mesures simples peuvent suffire :
- Répartir les prises au sein en plusieurs moments ;
- Éviter les trop grandes quantités ;
- Épaissir les laits (avec un épaississant prescrit) ;
- Maintenir le bébé en position verticale après les repas.
En cas de signes d’irritation, de vomissements sévères ou de troubles respiratoires, un traitement médicamenteux ou une endoscopie peut être nécessaire.
En conclusion : le reflux gastro-œsophagien se soigne !
Le RGO est une affection digestive fréquente, mais traitable. En identifiant les facteurs aggravants, en adoptant des mesures hygiéno-diététiques, et grâce à un traitement médical adapté, la majorité des patients retrouve une qualité de vie normale.
Ne banalisez pas les brûlures d’estomac ou les remontées gastriques : parlez-en à votre médecin pour éviter les complications.