Prévention | Santé de l'enfant

Dyspraxie : comprendre ce trouble spécifique du développement chez l’enfant

Qu’est-ce que la dyspraxie ?

La dyspraxie est un trouble spécifique du développement neurologique. Elle affecte la capacité à planifier, organiser et automatiser les gestes. Ce trouble ne résulte ni d’un retard mental ni d’un manque d’intelligence. Il s’agit d’un dysfonctionnement cérébral qui perturbe la coordination des mouvements et la réalisation d’actions pourtant simples.

La dyspraxie fait partie des troubles « dys », au même titre que la dyslexie, la dyscalculie, la dysorthographie ou la dysphasie. Elle se manifeste dès l’enfance et peut entraîner des difficultés importantes dans les apprentissages scolaires, la gestion de l’espace, ou encore la manipulation d’objets du quotidien. La motricité fine et la coordination sont souvent touchées, tout comme le langage dans certains cas.

Quels sont les signes d’alerte ?

Tous les enfants peuvent connaître un développement moteur irrégulier. Cependant, certains signes doivent alerter lorsqu’ils sont persistants et nuisent au quotidien. Un enfant dyspraxique présente souvent une grande maladresse, une lenteur excessive pour s’habiller, écrire ou découper, et une fatigue rapide face aux tâches scolaires.

En classe, il peut avoir du mal à organiser son espace de travail, à recopier depuis le tableau ou à tenir son stylo correctement. Le repérage spatial est souvent difficile, tout comme l’utilisation des outils scolaires comme la règle ou le compas. Ces enfants peinent parfois à mémoriser les séquences de gestes, ce qui complique aussi les activités sportives ou artistiques.

Lorsque la dyspraxie s’accompagne d’un trouble du langage oral ou écrit, on parle de dyspraxie verbale. Le langage devient alors difficilement intelligible, avec un retard dans l’acquisition du langage, des troubles de l’élocution ou une expression orale altérée. Ces signes peuvent être confondus avec d’autres troubles du développement, d’où la nécessité de poser un diagnostic précis.

Comment diagnostiquer la dyspraxie ?

Le diagnostic de la dyspraxie repose sur une évaluation pluridisciplinaire, généralement initiée lorsque l’enfant connaît des difficultés scolaires sévères, durables et inexpliquées. Le pédiatre est souvent le premier référent à alerter, avant d’orienter vers des professionnels spécialisés.

Un bilan neuropsychologique permet d’évaluer les fonctions exécutives, la mémoire de travail, l’attention, la planification et l’organisation. Un orthophoniste réalise un bilan orthophonique si l’enfant présente également des troubles du langage, tandis qu’un psychomotricien ou un ergothérapeute peut analyser la qualité des gestes et la coordination motrice. Cette analyse globale permet de diagnostiquer les troubles spécifiques des apprentissages et de différencier la dyspraxie d’autres pathologies, comme l’autisme, un trouble de l’attention ou une déficience intellectuelle.

Le centre du langage ou la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) peuvent ensuite accompagner les familles dans la reconnaissance et la mise en place d’un parcours de soins adapté.

Quelles sont les conséquences sur la scolarité ?

En milieu scolaire, la dyspraxie peut devenir un véritable obstacle à la réussite si elle n’est pas reconnue. Ces enfants ont souvent des difficultés à suivre le rythme de la classe, non pas à cause d’un déficit intellectuel, mais en raison de la lenteur d’exécution et du manque d’automatisation. L’apprentissage de la lecture et de l’écriture est souvent laborieux, en particulier si la dyspraxie est associée à une dyslexie ou à une dysorthographie.

Sans soutien, ces troubles peuvent entraîner un échec scolaire, une perte d’estime de soi, et parfois des troubles du comportement liés à la frustration. Pourtant, avec des adaptations pédagogiques, les enfants dyspraxiques peuvent progresser et retrouver confiance. L’usage d’un ordinateur, la simplification des consignes, l’allongement du temps de travail ou encore le recours à une AVS (accompagnant d’élève en situation de handicap) sont autant de leviers efficaces.

Un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) peut être mis en place avec le soutien de la MDPH, afin d’assurer la scolarisation en milieu ordinaire avec des outils adaptés.

Quelles prises en charge et rééducations possibles ?

Il n’existe pas de traitement pour guérir la dyspraxie, mais une prise en charge multidisciplinaire permet de compenser les difficultés et d’encourager les apprentissages. L’ergothérapie joue un rôle clé en apprenant à l’enfant à contourner les gestes difficiles, à utiliser des outils adaptés ou à améliorer sa posture. La psychomotricité renforce la coordination, la perception du corps et les repères spatiaux.

Lorsque des troubles du langage oral ou écrit sont associés, l’orthophonie est indispensable pour travailler l’articulation, la syntaxe ou encore la compréhension verbale. Par ailleurs, un accompagnement psychologique ou neuropsychologique peut être proposé si l’enfant souffre de fatigabilité, d’anxiété, ou de difficultés émotionnelles.

Cette approche globale, en lien avec la famille et l’école, permet de créer un environnement stable et rassurant pour l’enfant. L’objectif est toujours de l’aider à développer son autonomie, à mémoriser plus facilement, et à avancer à son rythme, sans stigmatisation.

Comment aider un enfant dyspraxique au quotidien ?

Pour les parents, il est essentiel de comprendre que la dyspraxie ne disparaît pas avec le temps, mais qu’on peut aménager l’environnement de l’enfant pour le rendre plus accessible. À la maison, simplifier les gestes, créer des routines, organiser les devoirs de manière structurée et valoriser chaque progrès font une réelle différence.

À l’école, il est important de sensibiliser les enseignants aux troubles spécifiques du langage et des apprentissages. Expliquer que l’enfant n’est pas paresseux, mais qu’il souffre d’un trouble neurologique invisible, peut aider à lever les incompréhensions. Certains enfants ont besoin de davantage de temps pour exprimer leurs idées, d’autres d’un support visuel pour se repérer. Chaque enfant présentant un trouble des apprentissages est unique, et nécessite un accompagnement sur mesure.

En intégrant l’enfant dans une dynamique constructive, en lien avec les orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues et le corps enseignant, on l’aide à surmonter ses freins et à construire son avenir.

À lire également dans Définitions santé

Voir toutes les fiches
une femme qui s'hydrate en buvant de l'eau en plein été
Prévention | Santé

Les bons gestes pour bien vivre son été face à la chaleur

L’été, les fortes chaleurs peuvent nuire à votre santé. Pour bien vivre cette période, il est essentiel d’adopter les bons réflexes : boire régulièrement de ...
En savoir plus
un enfant entrain d'écrire
Prévention | Santé de l'enfant

Dyspraxie : comprendre ce trouble spécifique du développement chez l’enfant

La dyspraxie est un trouble spécifique du développement neurologique qui affecte la coordination des gestes et la motricité fine. Souvent détectée chez ...
En savoir plus
une femme prenant des antidépresseurs
Prévention | Santé

Comprendre les antidépresseurs : de quoi parle-t-on ?

Les antidépresseurs sont des médicaments utilisés pour traiter la dépression et les troubles de l’humeur. Ils agissent sur les neurotransmetteurs du cerveau, ...
En savoir plus