
Aidants familiaux : comment les soutenir et les accompagner ?
Être aidant familial, un engagement du quotidien
En France, plus de 9 millions de personnes viennent en aide régulièrement à un proche en situation de dépendance, de handicap ou atteint d’une maladie chronique. Ces aidants familiaux accompagnent un parent âgé, un enfant en situation d’handicap, sans statut professionnel officiel dans la plupart des cas.
Ce rôle, souvent invisible, implique de lourdes responsabilités : soins à domicile, aide aux actes de la vie quotidienne, soutien psychologique, etc. À terme, cela peut engendrer épuisement, isolement, culpabilité et difficultés à concilier vie personnelle, familiale et activité professionnelle.
Pourtant, des solutions existent pour soutenir les aidants, leur accorder du répit, et mieux accompagner la personne aidée.
Quelles aides pour soulager les proches aidants ?
Le droit au répit
La loi reconnaît depuis 2015 un droit au répit pour les aidants qui s’occupent d’une personne en situation de handicap ou d’une personne âgée dépendante. Ce répit peut prendre la forme de :
- Séjours temporaires en EHPAD ;
- Hébergement temporaire ;
- Accueil de jour ;
- Intervention d’une aide à domicile.
L’objectif ? Souffler, prévenir le burn-out et permettre à l’aidant de prendre soin de lui-même.
Les congés pour les aidants
Plusieurs congés familiaux permettent de s’absenter de son poste pour accompagner un proche :
- Le congé de proche aidant (anciennement congé de soutien familial) peut durer jusqu’à 3 mois, renouvelables, avec allocation journalière versée par la CAF.
- Le congé de solidarité familiale, pour accompagner un proche en fin de vie.
- Des aménagements de temps partiel ou accords collectifs peuvent aussi être négociés pour concilier vie professionnelle et rôle d’aidant.
Les aides financières disponibles
Plusieurs dispositifs aident à financer les services d’aide ou à compenser la charge d’accompagnement :
- APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), versée par le conseil départemental, pour les personnes âgées en perte d’autonomie.
- PCH (Prestation de Compensation du Handicap), pour les personnes handicapées.
- Dédommagement ou rémunération possible via le CESU préfinancé pour l’aidant familial résidant avec le bénéficiaire.
Certaines assurances, mutuelles, ou dispositifs comme l’action sociale de votre caisse de retraite peuvent aussi proposer des aides aux aidants.
Soutien psychologique : aider les aidants à tenir dans la durée
Les aidants naturels développent souvent des symptômes d’épuisement émotionnel. L’isolement social, le fardeau psychologique, la peur de mal faire, ou encore l’absence de reconnaissance peuvent générer stress et détresse.
Pour y remédier, plusieurs initiatives voient le jour :
- Groupes de parole entre aidants pour partager les expériences.
- Plateformes d’accompagnement proposant des cafés des aidants ou des séjours de vacances pour les aidants-aidés.
- Services de soutien psychologique mis en place par les associations ou les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).
Il est important de rappeler aux aidants qu’ils ont aussi besoin d’aide : demander du soutien n’est pas un échec, c’est un geste de survie.
Quelles solutions pour concilier rôle d’aidant et vie active ?
La majorité des aidants sont en emploi. Concilier activité professionnelle et responsabilités familiales relève souvent du défi, surtout dans les cas de maladie d’Alzheimer, de handicap lourd ou de perte d’autonomie avancée.
Voici quelques leviers utiles :
- Aménagement du temps de travail via le télétravail, les horaires flexibles, ou le temps partiel.
- Accords d’entreprise prévoyant des jours de congé ou un aménagement du poste.
- Possibilité d’être rémunéré comme aidant familial par le biais de la PCH, quand l’aidant n’est pas le conjoint, le parent ou l’enfant.
- Envisager, lorsque cela est possible, le recours à un auxiliaire de vie ou à des services d’aide à domicile, pour déléguer certaines tâches.
Comment mieux accompagner les personnes aidées ?
Aider un proche, c’est aussi assurer son bien-être, son autonomie et son maintien à domicile dans les meilleures conditions. Cela passe par :
L’accompagnement médical et social
- Suivi avec une équipe de soins pluridisciplinaire (médecin, infirmière, kinésithérapeute) ;
- Accès à des services médico-sociaux ;
- Coordination avec les services d’aide à domicile (ménagère, toilette, portage de repas).
Les démarches administratives
- Demande d’APA ou de PCH auprès du conseil départemental ou de la MDPH.
- Constitution de dossiers pour l’entrée en EHPAD ou en accueil de jour.
- Demandes d’aides financières, de logement adapté ou de matériel médical.
L’aidant joue souvent un rôle de pivot administratif. Il est important qu’il soit formé, accompagné et informé des dispositifs existants.
Vers une meilleure reconnaissance du rôle d’aidant
La question du statut d’aidant familial évolue. Plusieurs propositions de loi et rapports comme le baromètre des aidants soulignent la nécessité de :
- Reconnaître officiellement le rôle d’aidant dans le Code de l’action sociale ;
- Ouvrir des droits à la retraite (assurance vieillesse, validation de trimestres) ;
- Faciliter l’accès à la formation des aidants (gestes de soins, posture, prévention des chutes) ;
- Développer des solutions de répit locales (hébergement temporaire, tiers-lieux, dispositifs de remplacement à domicile).
Des associations comme France Alzheimer, l’APF France Handicap, ou les plateformes départementales d’accompagnement des aidants jouent un rôle clé pour favoriser la reconnaissance du rôle familial dans les situations de dépendance.
En conclusion : soulager, soutenir et valoriser les aidants
Soutenir les aidants, c’est aussi soutenir les personnes dépendantes, malades ou en fin de vie. Cela passe par une politique de solidarité familiale claire, des droits élargis et un réseau de soutien structuré à tous les niveaux : social, psychologique, financier et professionnel.
Chez France Mutuelle, nous croyons que l’accompagnement des aidants doit être une priorité nationale, car chaque aidant, chaque proche aidant contribue chaque jour, souvent dans l’ombre, à maintenir à domicile un proche, dans la dignité et la bienveillance.
À retenir :
- Le rôle d’aidant concerne 1 Français sur 6.
- Il existe des aides financières, des congés, et des solutions de répit.
- Des plateformes locales, associations et mutuelles peuvent vous accompagner.
- Il est urgent de reconnaître, valoriser et former les aidants.