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Que faire face à la dénutrition chez les seniors ?

Vous vous inquiétez pour une personne âgée qui perd du poids sans raison ? Ce symptôme peut révéler un état de dénutrition. Et ce trouble n’est pas anodin : il touche plus de 2 millions de personnes en France, dont 10 % des plus de 70 ans vivant à domicile.

Face à la perte de poids involontaire, à la fonte musculaire ou à une baisse de l’appétit, il faut agir vite. Car la dénutrition des personnes âgées augmente fortement les risques de chutes, d’hospitalisation, de perte d’autonomie et même de mortalité.

Heureusement, il existe des solutions. En adaptant les apports nutritionnels à leurs besoins énergétiques, vous pouvez améliorer leur état nutritionnel et leur qualité de vie.

Comment repérer la dénutrition chez une personne âgée ?

Le dépistage précoce de la dénutrition est important. Il repose sur des signes cliniques, biologiques et comportementaux à observer attentivement.

Sur le plan physique, une perte de poids involontaire de plus de 5 % en un mois (ou 10 % en six mois) doit vous alerter. Un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 21 chez une personne âgée est aussi un marqueur fiable de dénutrition. Vous pouvez suivre ces critères avec l’aide du médecin traitant.

Les troubles de la déglutition, la fatigue inhabituelle, les problèmes dentaires, ou encore une perte d’appétit sont des indicateurs fréquents. L’anorexie du sujet âgé est un facteur aggravant majeur.

Des analyses biologiques permettent aussi d’évaluer l’albumine, la CRP, les vitamines ou encore la fonction rénale. Le médecin peut prescrire une évaluation nutritionnelle complète, souvent en lien avec un diététicien ou un service de nutrition clinique.

Quelles sont les causes de la dénutrition des seniors ?

La dénutrition des personnes âgées est souvent multifactorielle. Plusieurs causes physiologiques, sociales et psychologiques peuvent l’expliquer.

Avec le vieillissement, les besoins en protéines augmentent, mais l’appétit diminue. La baisse du métabolisme, des troubles digestifs, ou une altération du goût perturbent l’alimentation orale.

Les pathologies chroniques comme le cancer, la maladie d’Alzheimer, l’insuffisance rénale ou l’accident vasculaire cérébral affectent directement l’état nutritionnel. Les médicaments peuvent aussi réduire l’appétit ou provoquer des nausées.

Enfin, l’isolement, le deuil, la dépression, ou un hébergement en EHPAD mal adapté aux habitudes alimentaires peuvent faire chuter les prises alimentaires.

Les troubles de la déglutition et les douleurs dentaires compliquent également la mastication, réduisant l’apport énergétique global.

Quels sont les risques graves liés à la dénutrition ?

Un état de dénutrition non traité entraîne rapidement des complications graves, en particulier chez les patients âgés.

La fonte de la masse musculaire augmente fortement le risque de sarcopénie, c’est-à-dire une perte sévère de force et de mobilité. Cela favorise les chutes, les fractures et la perte d’autonomie.

Le système immunitaire s’affaiblit, exposant la personne à des infections fréquentes et à une mauvaise cicatrisation des plaies, notamment des escarres. La mortalité hospitalière est deux fois plus élevée chez les dénutris.

La carence en protéines, en vitamine D, en calcium et en micronutriments accentue les risques d’ostéoporose, de troubles neurologiques, voire d’insuffisance hépatique ou rénale.

La malnutrition chronique alimente un cercle vicieux : elle aggrave les maladies existantes, ce qui accentue la perte d’appétit et la dégradation nutritionnelle.

Comment mettre en place une prise en charge nutritionnelle efficace ?

Une prise en charge nutritionnelle débute toujours par une évaluation de l’état nutritionnel. Le médecin traitant, accompagné d’un diététicien, propose un plan personnalisé.

L’objectif : enrichir l’alimentation pour couvrir les besoins nutritionnels. Cela passe par une augmentation des protéines (œufs, viandes maigres, poissons, produits laitiers) et des apports énergétiques via des collations enrichies.

Des compléments nutritionnels oraux peuvent être prescrits pour renforcer l’apport en protéines, glucides, lipides et vitamines. Ils existent sous forme de crèmes, boissons ou soupes.

En cas de troubles de la mastication ou de la déglutition, les textures sont modifiées pour faciliter l’alimentation orale.

Un suivi hebdomadaire permet de mesurer l’indice de masse corporelle, les marqueurs biologiques et l’efficacité du traitement. L’activité physique adaptée renforce les muscles et relance l’appétit.

Quand faut-il envisager une nutrition artificielle ?

Quand l’alimentation orale est impossible ou insuffisante, il faut recourir à la nutrition artificielle. Cette solution est encadrée médicalement.

La nutrition entérale par sonde nasogastrique ou gastrostomie permet d’administrer une solution nutritive enrichie directement dans le tube digestif. Elle est souvent utilisée en cas de troubles de la déglutition sévères.

Si le système digestif ne peut plus être utilisé, on opte pour la nutrition parentérale. Elle se fait par voie intraveineuse, généralement à l’hôpital, voire à domicile sous surveillance.

Ces solutions sont envisagées en cas de perte de poids importante, de complications métaboliques ou de pathologies graves empêchant une prise alimentaire suffisante.

Elles doivent rester temporaires, sauf dans certains cas de maladies chroniques. L’objectif est toujours de revenir à une alimentation orale dès que possible.

Conclusion

La dénutrition des personnes âgées est un enjeu de santé publique majeur. Elle doit être dépistée, traitée et prévenue rapidement pour éviter la perte d’autonomie et les complications.

Vous pouvez agir dès aujourd’hui en vous rapprochant de votre médecin traitant, d’un diététicien ou d’une structure de soins spécialisés. Une alimentation enrichie, des compléments nutritionnels oraux, une activité physique douce et un bon suivi peuvent tout changer.

Voici 3 conseils pratiques à appliquer dès maintenant :

  • Enrichissez l’alimentation quotidienne : ajoutez des aliments riches en protéines (œufs, fromages, légumineuses) et en calories (huile, beurre, crème) pour augmenter les apports sans augmenter les quantités.

  • Fractionnez les repas : proposez 3 repas principaux et 2 à 3 collations enrichies par jour pour éviter la fatigue liée aux grandes portions et stimuler l’appétit.

  • Sollicitez un professionnel de santé : faites appel à un diététicien ou au médecin traitant pour adapter les apports nutritionnels aux besoins spécifiques et suivre l’évolution de l’état nutritionnel.

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