homme tombé par terre
Prévention

Les accidents domestiques

Comment minimiser les risques ?

Parfois graves et susceptibles de prendre de nombreuses formes, les accidents domestiques sont particulièrement fréquents en France, du plus jeune au moins jeune âge. Leur survenue et leur impact sont toutefois grandement atténuables, avec un peu d’attention, d’information et de prévention. Tour d’horizon et de conseils (non exhaustifs).

Les accidents domestiques, c’est comme gagner au loto : ça n’arrive pas qu’aux autres. Les probabilités sont, de fait, beaucoup plus élevées qu’à la loterie nationale. Les chiffres avancés par la Fédération française de prévention des risques domestiques (FFPRD) sont éloquents, puisque le nombre moyen d’accidents domestiques sur le territoire national s’élèverait à  11 millions par an, pour plus de 4,5 millions de visites aux urgences et 500 000 hospitalisations. Plus préoccupant encore, le nombre de décès annuels est estimé à environ 20 000, près de six fois plus que les accidents de la route en 2022. Les origines de cette « épidémie » en croissance régulière combinent l’accroissement du temps passé chez soi avec la diversité des sources potentielles d’accident, à commencer par les grands classiques : chauffage et électricité.

Comment réagir en cas d’accident ?

Mieux vaut prévenir que guérir. Mais quand le mal est fait, il faut savoir réagir efficacement. « En tant que Latins, les Français n’ont pas la culture du risque ni de la prévention, regrette le Dr Pascal Cassan, médecin urgentiste et conseiller national de la Croix-Rouge française. C’est oublier que les accidents de la vie courante ne touchent pas que les autres. Dans huit cas sur dix, il s’agira de quelqu’un de sa famille ou de son entourage. »

Au-delà de l’intérêt d’une formation au secourisme, quelques fondamentaux sont à appliquer : appeler les secours ou se rendre aux urgences (si possible) ;  allonger la victime sur le côté en cas de chute sur la tête ou de perte de conscience ; asperger la plaie d’eau froide en cas de brûlure ; couper le courant en cas d’électrisation sans toucher la victime ; ne rien boire/avaler en cas d’ingestion de produits toxiques ou de médicaments ; rester en contact permanent avec la victime en attendant les secours.

  • Le 15 : le Samu, pour les situations de détresse vitale.  
  • Le 18 : les sapeurs-pompiers, pour les autres types d’accidents. 
  • Le 114 : un numéro d’urgence consacré aux personnes sourdes et malentendantes, accessible par SMS, tchat, visioconférence et fax. 
  • Le 112 : un numéro d’urgence depuis n’importe quel pays de l’Union européenne.

Chaud chaud…

Accident domestique récurrent : l’intoxication au monoxyde de carbone, gaz incolore, inodore et potentiellement mortel émis par les pots d’échappement (interdiction de faire tourner son moteur dans un garage fermé !), mais aussi certains dispositifs de chauffage défectueux.  « Ce genre d’incident accompagne invariablement l’arrivée des grands froids. Un mauvais fonctionnement de la combustion des chaudières et autres chauffe-eaux peut entraîner un dégagement de monoxyde de carbone, susceptible de provoquer maux de tête, vertiges, nausées, perte de connaissance, voire mener jusqu’au décès », alerte le Pr Frédéric Adnet, responsable du Samu 75 – SMUR, à l’hôpital Necker-Enfants malades de l’AP-HP.

Principales réponses ? Faire contrôler et entretenir annuellement son matériel (estampillé CE), s’assurer que le logement dispose de grilles ou de bouches d’aération, voire opter pour un détecteur de CO. L’électricité est un autre point d’attention. Les risques d’électrisation simple (le fameux « coup de jus ») ou d’électrocution (électrisation entraînant le décès) menacent les personnes lors de travaux électriques, de changements d’ampoule, d’appareil en contact avec de l’eau, de fil dénudé, etc.

Principales réponses ?  

  • Ne pas surcharger les prises, utiliser des cache-prises, vérifier la bonne fixation murale de ces dernières et veiller à la conformité et au bon état des équipements électriques.
  •  Attention également au risque d’incendie, qu’il soit lié à une surchauffe ou à un court-circuit électrique, mais aussi à un oubli d’huile sur le feu, une projection de braise depuis une cheminée, une bougie allumée près d’un rideau…

Les risques de l’enfance

En matière d’accidents domestiques, les craintes se focalisent en premier lieu sur les enfants. Selon la FFPRD, on en dénombre environ 2 000 par jour chez les enfants de 0-6 ans, pour plus de 200 décès annuels. Dans cette tranche d’âge, le risque le plus fréquent est la chute, suivie de l’intoxication et de la brûlure.

Principales réponses ?

La prévention des chutes tourne autour de trois grands facteurs de risques. 

  • La table à langer et la chaise haute pour les plus jeunes : l’accident étant souvent lié à une brève absence de surveillance, il convient de rester sur le qui-vive et de préparer le matériel nécessaire en amont. 
  • Les escaliers : ils requièrent des barrières de sécurité en haut et en bas, jusqu’à ce que le petit sache emprunter seul les marches. 
  • Les fenêtres : elles doivent rester inaccessibles (pas de meubles faciles à escalader en dessous) et/ou présenter un système de sécurité pour les bloquer.

La prévention des intoxications repose sur la mise hors de portée des produits d’entretien et de bricolage, sans oublier les médicaments. La prévention des brûlures passe notamment par la vérification de la température du bain et la sécurisation des cheminées, radiateurs et autres sources de chaleur vive. Dans la cuisine, gare au four et aux queues de poêles ou de casseroles dépassant de la plaque de cuisson. 

« Concentrés sur la préparation du repas, nous prêtons moins attention à nos enfants, qui se sentent délaissés et veulent aider en faisant “comme papa/maman”, et c’est là que les accidents surviennent. Il faut les alerter et leur expliquer que le four ou la plaque sont chauds, mais aussi montrer ce qu’on est en train de faire pour apaiser leur curiosité », recommande Olivier Jamann, secrétaire général de la Fédération française de prévention des risques domestiques.

bébé assis par terre tenant des produits ménagers

Informer et responsabiliser

Autres points d’attention chez les enfants : les noyades (jamais de bébé seul dans le bain et piscine invariablement sécurisée), les étouffements (vigilance avec les petits objets, aliments, sacs plastiques, écharpes/foulards et jouets de lit, à prohiber pour les nouveau-nés). La liste n’est pas exhaustive, et la vigilance d’autant plus impérative que l’âge est bas, même si l’adolescence comporte son lot de risques d’accident, parfois liés à la consommation d’alcool ou de stupéfiants.

« Un conseil primordial s’adapte à tous les âges :  discuter des règles de sécurité et exposer pourquoi elles sont importantes. L’idée est de rendre l’enfant acteur de sa sécurité. Pour les plus petits, il est de surcroît préférable de remplacer l’interdiction et la négation par de l’incitation. Par exemple, “marche doucement autour de la piscine” plutôt que “ne cours pas autour de la piscine”. Pour les plus grands, il convient de détailler les réponses à apporter en cas de problème : savoir couper l’eau, l’électricité, éteindre un début de feu, sortir du logement en toute sécurité, connaître les numéros pour appeler les secours… », développe Frédéric Adnet.

Plus dure sera la chute…

Chez les seniors, la réduction de la mobilité et la perte d’autonomie favorisent la survenue d’accidents au sein du domicile, en particulier les chutes. Selon la FFPRD, 450 000 Français âgés de plus de 65 ans en sont victimes chaque année, et 10 000 décès y sont corrélés. Le risque est pourtant sous-estimé par les premiers concernés puisque, d’après l’IFOP, seuls 17 % des seniors savent que les chutes au domicile représentent la première cause de mortalité accidentelle dans leur tranche d’âge. De plus, s’ils sont 50 % à être déjà tombés chez eux, seuls 16 % ont aménagé leur logement pour prévenir ce risque.

Pas d’urgences pour les bricoleurs et jardiniers du dimanche…

Chaque année, près de 300 000 personnes arrivent aux urgences à la suite d’un accident de bricolage et/ou de jardinage. Respecter quelques règles simples de prévention évite bien des problèmes. Contre les intoxications, les allergies ou les problèmes respiratoires : porter un masque ou des lunettes de protection, privilégier des gants résistant aux produits chimiques, ne pas mélanger les produits entre eux, travailler en extérieur ou aérer au maximum, refermer les contenants pour que les produits volatils ne s’évaporent pas.

Contre les traumatismes : porter des équipements de protection adaptés (gants, lunettes, protections auditives…), travailler dans un endroit dégagé et éclairé, s’assurer de la stabilité des escabeaux, des échelles et des échafaudages, fixer son matériel, débrancher et veiller à l’arrêt complet des appareillages (tondeuses, scies, perceuses…) avant d’approcher ses mains.

Principales réponses ? 

  • Favoriser une bonne visibilité : disposer de suffisamment d’éclairages pour éviter les zones d’ombre, fixer l’interrupteur de la lampe de chevet pour qu’il soit accessible depuis le lit…
  • Assurer les surfaces de marche : retirer les tapis ou les fixer au sol, installer des revêtements antidérapants dans la salle de bains et la cuisine, dégager les abords de la maison des végétaux glissants, recouvrir les bords des marches d’escalier d’une bande antidérapante…
  • Faciliter les déplacements : désencombrer les espaces de circulation, fixer les fils électriques, rendre accessibles les objets les plus utilisés… 
  • Assurer l’équilibre : équiper le siège des toilettes d’un réhausseur ou d’une barre d’appui, équiper la baignoire ou la douche d’une barre d’appui ou d’un tapis antidérapant… Les technologies modernes peuvent également participer à renforcer la sécurité des personnes seules et/ou âgées : la domotique épargne certains gestes parfois complexes (ouvrir et fermer les fenêtres, volets et portes, régler le chauffage, gérer les lumières…) et les accessoires connectés permettent, pour leur part, d’alerter rapidement les proches ou les secours en cas de problème (détecteur de chute, dispositif d’appel d’urgence…).

En savoir +

À lire

  •  Prévenir les accidents domestiques, d’Isabelle Louet, éd. Massin, 2013.
  • Les dangers domestiques, de Lucie Voisin et Loïc Méhée, éd. Milan, 2020.
  • Premiers secours – Spécial accidents domestiques,  de Christian Poutriquet et Lorenzo Timon,  éd. Vagnon, 2018.

À consulter

Olivier VACHEY

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